GHOST POKER de Charles Band (2007)

Publié le par Ludo Z-Man

« Ah, oui, quand même ! » se dit le bisseux blasé qui pensait avoir tout vu et tout entendu. Car ce bon vieux roublard de Charles Band a beau utiliser ici des méthodes maintes fois éprouvées dans la grande tradition de la série Z à l’ancienne, là on frôle le coma éthylique et l’électroencéphalogramme plat. Comme le sidérant Petrified dont nous avions causé, le machin sort en DVD zone 2, un cadeau incontournable pour vos amis insomniaques. Cela dit, contrairement à Petrified, le menu paraîtra moins épicé : le scénario de Ghost Poker (dont le titre original est quand même Dead Man’s Hand : Casino of the Dead, ce qui laisse rêveur) avec son histoire de casino hanté par des fantômes suite à un règlement de comptes entre mafieux ne laisse guère augurer quelque chose de bien passionnant. En effet, pas de momie extraterrestre ni de nymphomanes surexcitées à l’horizon. Bien décidé à tester la résistance de son spectateur, Charles Band, fort de la seule et unique idée de son scénariste (un slasher dans un casino vide), peine alors à se renouveler quand il s’agit d’atteindre péniblement les 90 minutes. La scène d’introduction donne le ton, deux acteurs nous font faire le tour du propriétaire du seul et unique décor du film (si on excepte une chambre d’hôtel au début) en attendant désespérément de se faire trucider hors champ, ce qui arrive, croyez-moi, bien trop tard, tant cette séquence paraît durer une éternité.

 

Mais ce n’est rien, comparé au reste du métrage, où il ne se passe pour ainsi dire absolument rien. Car, dénué de la présence d’un quelconque monstre, d’une intrigue réellement débile et surtout beaucoup moins libidineux qu’à l’accoutumée (les dialogues ont beau tourner souvent en dessous de la ceinture, le film lui demeure très pudique en matière d’érotisme), cette production Full Moon ressemble vite une mauvaise sitcom, voire un show de télé-réalité où des jeunes s’ennuient en attendant que « la prod » leur dise quoi faire. Ca bavarde donc pendant presque une heure (soit les deux tiers du film quand même !), ce qui permet au couple de héros de roucouler dans de longues scènes romantiques, d’apprendre à jouer au black-jack, mais aussi de traiter de thèmes plus délicats comme lors du coming-out de la geekette timide et binoclarde ou des scènes de ménage entre la bimbo blonde ultra-sexy et le beau gosse blessé dans sa virilité à cause de ses pannes sexuelles et de répondre à des questions essentielles comme « vous croyez aux fantômes, vous ? » ou « est-ce bien raisonnable de péter à table ? » (comme vous pouvez le constater, c’est du subtil, du sur mesure !). L’amateur du genre souffre devant un film aussi à côté de la plaque, d’autant que pour nous donner envie de rester, Charles Band tarde un maximum à abattre ses cartes, deux guest-stars dont on ne sait pas vraiment si on est content de les retrouver là, Sid Haig, le capitaine Spaulding des films de Rob Zombie et Michael Berryman, le méchant dégénéré de La colline a des yeux. Arrivant à l’improviste dans le dernier tiers en truands zombies, ils font mumuse avec nos jeunes gens, en trucident quelques uns avec la collaboration d’une hôtesse du genre castratrice et de croupiers tueurs du plus bel effet. 
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Des croupiers de train fantôme particuliérement ridicules !!!

 

Heureusement, le couple de tourtereaux finira par gagner une partie de poker contre les méchants fantômes en leur faisant le coup de Negreanu au Bellagio en 96 et les spectres mafieux repartiront aussi vite qu’ils étaient venus. Et nous, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’on s’est quand même fait un peu arnaquer. Ah, mais non, on me signale que dans le jargon du poker, on appelle ça du bluff.

 

Good call, Charles, good call !         

Publié dans série bis

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