PETRIFIED de Charles Band (2006)

Publié le par Ludo Z-Man

On colle décidément à l’actualité DVD (pour une fois) puisque ce Petrified débarque dans nos bacs en zone 2 chez Seven 7 dans une édition soignée avec même quelques bonus. Quand je vous disais que des fois, on sort vraiment n’importe quoi (bien que j’imagine qu’un tel DVD sera bien vite bradé à 3 euros sur le net), je vais vous le prouver avec ce futur cauchemar des video-clubs. Mais c’est aussi l’occasion de parler d’un des derniers nababs de la série Z que je n’ai jamais cité sur ce blog et pas des moindres puisqu’il s’agit du fabuleux Charles Band, ici auteur complet du film qui nous intéresse. Pour Charles Band, le cinéma est un métier de famille puisque son propre père Albert Band fut lui-même producteur et réalisateur de quelques séries B dont les fameux I Bury the Living en 1958 et Zoltan, le chien sanglant de Dracula en 1978. Débutant comme cinéaste, Charles Band décide sous l’impulsion de l’explosion du marché de la vidéo de fonder sa propre compagnie et part en Italie créer la firme Empire qui produit quelques petites perles de la série B des années 80 grâce aux réalisations de Stuart Gordon (le grand classique Re-Animator mais aussi Dolls ou encore From Beyond). Malgré tout, la boite va couler lamentablement, mais Charles Band, très ambitieux et surtout complètement mégalo, décide de récidiver en créant Full Moon Features, une compagnie se cantonnant bientôt exclusivement au marché de la vidéo. Charles Band se fera vite spécialiste des séries à rallonge, les plus emblématiques de la firme restant la saga des Puppet Master inaugurée en 1989 par David Schmoeller et qui compte désormais une bonne dizaine de suites, celle des Subspecies, une série vampirique de cinq films tournés en Roumanie par Ted Nicolaou et celle des Witchouse réalisée par un autre habitué de la firme, le sympathique David DeCoteau. Band se diversifie et crée un tas de firmes parallèles comme Moonbeam, spécialisée dans les programmes familiaux ou Torchlight (devenue Surrender Cinema) un label exclusivement consacré aux films érotiques soft.


Mais n’étant jamais mieux servi que par soi-même, Band continue régulièrement de mettre la main à la pâte en passant derrière la caméra et l’un de ses derniers méfaits se nomme Petrified. Depuis le très fauché Castle Freak signé par un Stuart Gordon au fond du trou (mais qui depuis semble avoir repris du poil de la bête), on sait que Band affectionne les films de monstres et la principale attraction de cet opus est cette fois-ci une momie extraterrestre du plus bel effet, dont la confection a sans doute engloutie la totalité du budget du film. Cette méchante momie, qui pétrifie et transforme en statue toute personne par le simple pouvoir de son regard (et aussi d’un effet vidéo particulièrement moche), surgit régulièrement, mettant le film sur les rails bien routiniers du slasher le plus banal. Le génie absolu du scénario étant de concentrer l’action dans un seul lieu et pas des moindres, accrochez-vous, tout le récit se déroule dans un étrange hôpital, en fait un asile ou on interne et on soigne… les nymphomanes !!! L’équilibre précaire entre le slasher sous Prozac et la gaudriole matinée d’érotisme soft précipite le film dans le grand n’importe quoi et en fait une véritable série Z de compétition. Tout y est : le jeu désastreux des acteurs, la mollesse de la réalisation, la débilité absolue des dialogues, la désinvolture du scénario et la léthargie du rythme (renforcée par une bande son merveilleuse, une sorte de soupe synthétique omniprésente du plus bel effet). Proche du néant filmique et quasiment irrécupérable, Petrified sent pourtant bon l’artisanat Z old school, débarrassé des effets de modes racoleurs et de la moindre once de prétention qu’on trouve régulièrement dans ces produits « direct to DVD » qui voudraient se faire passer pour des films hauts de gamme, et c’est ce qui rend ce Petrified au fond assez amusant.


Peut-étre alors peut-on bien rigoler devant ce bricolage Z au scénario digne d’une bonne BD Elvifrance et qui fourmille de personnages aberrants et d’idées idiotes. Et là en fait, je ne sais même pas par où commencer. Les deux inspecteurs façon Mulder et Scully qui au lieu d’enquêter sur les meurtres de la momie papotent de tout et de rien et se balancent des vannes idiotes. Le gardien de l’hôpital qui profite de la « maladie » des patientes pour se faire plaisir. Quelques jolies jeunes filles toujours prêtes à se balader en petite tenue quand le rythme du film se relâche (elles ne sont pas nymphomanes pour rien). Et surtout le savant fou, Horatio Von Gelder qui nous gratifie de l’un des dialogues les plus débiles entendus depuis des lustres (avant de se bagarrer contre un gant trois scènes plus tard, je vous jure j’invente rien !). Et plutôt que de dénaturer ce grand moment d’écriture, je vous offre l’extrait audio de l’un des morceaux de bravoure de ce bijou.

dewplayer:http://www.filelime.com/upload/files/petrified_version_2.mp3&

Voilà, et c’est de ce niveau là pendant 67 minutes. Avouez que ça fait envie. Et pour une fois, c’est théoriquement trouvable dans tout bon vidéo club qui se respecte.          

Publié dans série bis

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L
T'as raison, je vais attendre de le voir dans les bacs à soldes. J'en ai marre de donner du fric à ce Charles Band.
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L
Merci pour ton bel article sur ce film. L'histoire de ces nymphomanes a l'air bien marrante. Bon après avoir acheté (m'être fait arnaqué avec) "decadent evil" et "gingerdead man" (le tueur c'est un pain d'epice) il faut dire que j'hésite à acheter (me faire encore avoir avec) ce nouveau charles band.
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L
Oui, oui, l'achat de ce DVD nécessite un compte en banque assez fourni et un sens de l'humour à toute épreuve. Ou alors mieux vaut attendre qu'il fasse son apparition dans les bacs à solde...